Pour que la flamme ne s’éteigne pas… en hommage à Madame Jacqueline de Romilly

Madame de Romilly est décédée samedi 18 décembre 2010, à l’âge de 97 ans. Aussitôt, une pluie d’hommages est venue saluer sa mémoire. Nous avons pu apprécier la belle conscience de l’Elysée et des autorités culturelles de notre pays. Tous reconnaissent unanimement la qualité de la vie et de l’action de Madame de Romilly, entièrement dévouées à la promotion des lettres, des langues anciennes et des humanités. La « lumière » et la « flamme », « puisées aux sources d’une très haute civilisation » et saluées par les communiqués officiels sont-ils morts avec elle ? On peut légitimement se poser la question lorsqu’on voit dans quel état se trouvent l’enseignement du Latin et du Grec dans nos lycées et nos universités…
J’en appelle aux autorités politiques, éducatives et culturelles de ce pays : pour que leurs éloges funèbres ne soient pas une simple posture de circonstance et ne demeurent pas lettre morte, il est de leur devoir de rendre aux langues et civilisations anciennes la place qu’elles méritent dans l’enseignement secondaire et spécialement dans nos lycées où elles se trouvent réduites au rang d’une malheureuse option sans enjeu d’orientation à court terme. Jacqueline de Romilly s’est battue jusqu’à son dernier souffle pour maintenir la flamme du Latin et du Grec. Puissent les politiques choisir de mettre enfin ces langues à une place décente – le tronc commun des lycées d’enseignement général – dans notre système éducatif et montrer par là qu’elles attachent réellement du prix à la culture.

Benoît Jeanjean